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Marsactu : L’investigation au plus près des citoyens

Journal en ligne marseillais d'investigation locale lancé en 2010, Marsactu a vécu une première vie jusqu'en 2015 avant d'être placé en liquidation judiciaire et de disparaître. À partir d’avril de cette même année, le média connaît une renaissance à la suite d'une campagne de financement participatif. Le tribunal de commerce de Marseille valide l’offre de reprise proposée par 5 anciens journalistes. Marsactu appartient désormais à ses salariés. En termes d’actionnariat, le média est détenu aux deux tiers par des membres de l’équipe ou associés, le tiers restant appartenant aux Amis de Marsactu (22%) et à Médiapart (11%). 

Le journal d’investigation marseillais est animé par la conviction que « le niveau local est important pour la vie des gens » comme l’affirme à Un Bout des Médias son président Julien Vinzent. Il déplore que les décisions locales soient « trop souvent occultées par des problématiques nationales » et que l'information locale soit principalement axée sur « le service et l’événementiel ». Marsactu se positionne en retrait des enjeux nationaux sauf s’ils résonnent particulièrement territorialement. 

Un média d’investigation pour des enquêtes de terrain et plusieurs dossiers marquants

Marsactu réalise depuis huit ans des enquêtes sur Marseille et sa région : aussi bien politiques, notamment la gestion des pouvoirs publics, mais aussi économiques ou environnementales.

Le pouvoir de l’indépendance pour révéler les dossiers de corruption

Les révélations sur la gestion clientéliste du conseil général des Bouches du Rhône par son président Jean Noël Guérini en poste de 1998 à 2015. Cette enquête démarrée par Marsactu en 2009 a notamment permis de documenter une affaire connue sous le nom d'affaire Guérini. Après de multiples rebondissements, Jean-Noël Guérini est condamné en mars 2022 par la cour d’appel d’Aix-en Provence à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et cinq ans d'inéligibilité pour truquage de marchés publics. Il a fait appel de cette décision. 

Pour Julien Vinzent, cette enquête « incarnait le rôle de vigie démocratique, d'attention forte portée à l'utilisation de l'argent public et à la manière dont les pouvoirs locaux se comportent ». Il souligne d’ailleurs à ce sujet que « même si La Provence a un temps été en pointe dans la couverture, elle a eu du mal à tenir cette exigence sur le plus long terme vis-à-vis d'un acteur central dans la politique marseillaise » notamment en raison de problématiques de financement de la presse écrite locale. 

Une persévérance nécessaire pour couvrir les sujets cruciaux

Un autre dossier marquant réalisé par Marsactu est la mise en évidence des problèmes liés aux logements insalubres à Marseille notamment dans le quartier Noailles situé au centre de la ville. Sur ce sujet, Marsactu fait office de lanceur d’alerte en témoignant des difficultés du quartier dès février 2016 soit un peu moins de trois ans avant les dramatiques effondrements survenus le 5 novembre 2018, de deux immeubles rue d’Aubagne. « La force de Marsactu n'est cette fois-ci pas tant d'avoir résisté à des pressions extérieures que d'avoir considéré que ce sujet était crucial pour la ville même si ce n'est pas ce qui suscitait le plus l'enthousiasme du lectorat » explique le président du média à propos de ce dossier. Bien que Marsactu vive grâce à ses abonnements, le journal a fait le choix de continuer à couvrir ce sujet et à enquêter, « ce qui a permis ensuite de faire figure de référence lorsque la crise a éclaté avec les effondrements de 2018 » selon les mots de Julien Vinzent. Depuis, Marsactu a continué à documenter ce sujet notamment en insistant sur sa gestion par les collectivités territoriales.

Marsactu défend « une unicité dans son modèle économique, sa structuration et cette approche d'investigation locale » soutient son président. Toutefois, il n’est pas question pour Marsactu de s’isoler médiatiquement. Le journal local se félicite d’ailleurs « d’être régulièrement repris par les autres titres », ajoute Julien Vinzent en faisant part de son attachement à la diffusion de ses enquêtes sur des chaînes de télévision ou radios. Il revendique « être une forme d'aiguillon pour les autres titres, un argument pour les autres rédactions pour aborder des sujets autrement peu porteurs.»

Focus sur la rédaction de Marsactu

Aujourd’hui Marsactu est une équipe composée de 10 membres permanents, 7 journalistes et trois personnes chargées du service support. Le média fait régulièrement appel à un réseau de pigistes. Vingt ont contribué au journal sur l’année 2022. Certains ont par la suite la possibilité d’intégrer directement la rédaction a plein-temps, c’est le cas de la journaliste Clara Martot Bacry qui a rejoint Marsactu en CDI au mois de février dernier, après quatre années de collaboration comme pigiste. 

Un média en bonne santé et des projets à venir

Du point de vue financier, Marsactu est en excédent budgétaire depuis 2020, après avoir connu trois années de déficit. En termes de recettes, plus des trois quarts sont composés des abonnements de particuliers ainsi que de l’aide au pluralisme (versée par le ministère de la Culture). Le journal ne perçoit aucune recette publicitaire. Concernant les dépenses du média marseillais, 75% correspondent aux salaires et cotisations.  

Créativité éditoriale et diversification des formats

Marsactu continue de se développer. En plus d’une présence accrue sur les réseaux sociaux et du lancement d’un site mobile, d’autres initiatives ont vu le jour durant l’année. Pointue, une newsletter, dont les huit premiers numéros reçus sont gratuits, qui fait un récapitulatif de l'actualité locale est envoyée chaque jeudi. La série L'Emprise s’intéresse, depuis le mois de mai, au poids du trafic de drogue sur différents pans de la société et de l’économie marseillaise.

Marsactu a également lancé au mois de décembre Le Bocal « un podcast qui se veut être une déclinaison, plus accessible et incarnée de certaines enquêtes publiées dans le journal » comme l’explique à Un Bout des Médias sa créatrice Violette Artaud journaliste à Marsactu. Le bocal c’est aussi le nom de la pièce de la rédaction où les journalistes passent leurs coups de fils les plus confidentiels. Deux fois par mois, Violette Artaud permet aux journalistes de Marsactu de mieux incarner leurs enquêtes en leur permettant de raconter les coulisses de leurs articles, les éventuelles difficultés rencontrées ainsi que leur ressenti au cours de l’enquête. Quatorze épisodes sont sortis depuis le démarrage avec diverses thématiques traitées, telles que l’emprise économique du trafic de drogue ou la corruption en passant par une crise politique à la mairie de Marseille. Le Bocal connaît un bon démarrage avec plus de 11 000 écoutes totalisées sur l’ensemble des épisodes, disponibles gratuitement sur le site de Marsactu ainsi que sur différentes plateformes d’écoute en ligne.

Promouvoir l’accès à l’information avec l’aide de Journalismfund Europe

Marsactu a été au mois de juillet lauréat de l’appel à projet News Desert, porté par l’ONG Journalismfund Europe, qui promeut l’accès à l’information. Dans ce cadre Marsactu souhaite ouvrir des points d’accès digitaux gratuits au journal dans des espaces publics tels que des cafés ou des maisons de quartier. Le média s’inspirant notamment de l’époque ou les journaux papier étaient laissés en accès libre sur les comptoirs de bars.

Avec ce projet, Marsactu espère toucher un lectorat plus large géographiquement que celui actuel, situé plutôt en centre-ville, en ciblant notamment les habitants des quartiers populaires au nord de Marseille mais aussi ceux des quartiers résidentiels périphériques à l’est. L'initiative participe également à resserrer le lien entre les citoyens et l’information qui tend à s’étioler au fil des années tout comme la confiance envers cette dernière.

Ophélio Bouvier-Laribi

Étudiant en sciences sociales et politiques – Bénévole pour Un Bout des Médias

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