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Un Bout des Médias invité d'Attac pour la projection-débat de "MEDIA CRASH" en présence de Luc Hermann

Le 18 octobre dernier, l’association Un Bout des Médias était invitée à participer à un ciné-débat autour du documentaire "MEDIA CRASH", aux côtés de son co-réalisateur Luc Hermann. L’événement était organisé par le comité du Val d’Orge d’Attac (Attac Essonne Val D’Orge - Attac France).

Pourquoi voir ce documentaire ?

La concentration des médias français entre les mains de quelques actionnaires est aujourd’hui connue et documentée. En revanche, ce que l’on sait moins, c’est que ces actionnaires peuvent exercer des pressions parfois violentes sur les journalistes et les rédactions. "MEDIA CRASH" nous plonge dans quelques-uns de ces scandales médiatiques, où l’on voit bien que l’indépendance des journalistes est menacée, le pluralisme attaqué, les bases de la démocratie, in fine, ébranlées.

Le documentaire illustre cette réalité dont voici deux exemples criants ci-dessous.

Mission infiltrée au pays de la satire

2015, Assemblée générale de LVMH. Tous les actionnaires sont conviés. La rédaction de Fakir a prévu de venir perturber l’événement. Rien de bien méchant : des tee-shirts “I love Bernard” (à l’attention de Bernard Arnault donc), des slogans contre l’entreprise… L’occasion sans doute pour les participants d’obtenir quelques séquences vidéos pour le reportage Merci patron ! en cours de réalisation. En tout cas, c’est suffisant pour faire trembler le géant mondial du luxe à la française, pour qui il faut les empêcher d’agir coûte que coûte.

C’est ici qu’intervient Bernard Squarcini, enregistrement d’appels téléphoniques à l’appui : l’ancien directeur du renseignement intérieur français, la DGSI, depuis reconverti dans le privé, fait infiltrer la rédaction du journal Fakir. Les poubelles sont fouillées, les réunions internes sont écoutées, le programme des événements prévus est détaillé. Finalement, lors de l’Assemblée générale, l’équipe de Fakir est conduite vers une salle avec des plus petits actionnaires où le conseil d’administration n’est présent qu’en visioconférence, et d’où François Ruffin et son équipe sont rapidement évacués.

Qu’en dira la justice ? Dans cette affaire mêlant un géant de l’industrie, des services de renseignement privés, les services de renseignement français, des journalistes et des militants, on pourrait s’attendre à ce que la justice montre l’exemple pour dissuader tout grand groupe d’infiltrer une rédaction en ayant recours à des sociétés d’espionnage. Au lieu de cela, un accord a été trouvé fin 2021, garantissant l’abandon des poursuites judiciaires pour LVMH en échange d’une amende de 10 millions d’euros.

Pour aller plus loin : Espionnage de François Ruffin : LVMH paie 10 millions d’euros d’amende et évite des poursuites (lemonde.fr) , Comment LVMH a fait espionner François Ruffin (lemonde.fr)

Le divertissement des jeunes au service de l’extrême droite

Le croiriez-vous si l’on vous expliquait qu’en France, une émission de télévision de divertissement (et non de politique, c’est important) ciblant majoritairement les jeunes a servi pendant plusieurs mois de tremplin à la normalisation d’idées d’extrême droite, en toute impunité ? Au-delà de l’expliquer, la chercheuse au CNRS Claire Sécail l’a prouvé : durant la période de précampagne présidentielle, elle a visionné quelque 210 heures de l’émission Touche pas à mon poste présentée par Cyril Hanouna, afin de produire des analyses tant quantitatives que qualitatives. Les résultats sont sans appel : 52,9% du temps d’antenne politique est consacré à l’extrême droite, en particulier Eric Zemmour avec 44,7%.

Dans une interview, la chercheuse conclut que parler ainsi de l’extrême droite dans son émission est une manière pour l’animateur de “se mettre au service de l'idéologie de Vincent Bolloré en offrant une arène médiatique différente de celle de CNews avec un public plus jeune et moins politisé”. Car n’oublions pas de le préciser : C8, la chaîne sur laquelle est diffusée TPMP, appartient bien sûr au Groupe Bolloré.

Pour aller plus loin : L’élection présidentielle 2022 vue par Cyril Hanouna. 1. La pré-campagne (automne 2021) – Les Focus "Communication et politique" (wordpress.com) , TPMP. Pour cette chercheuse, Cyril Hanouna est un "outil de propagande au service d'Éric Zemmour" (francelive.fr)

Comment agir en tant que citoyen·ne ?

N’ont été évoquées ici que quelques-unes des histoires relatées dans le documentaire "MEDIA CRASH". Les journalistes d’investigation doivent faire face à bien d’autres difficultés, allant de la pression de voir leur article modifié ou non publié sans raison apparente aux procédures baillons.

À la suite de ce visionnage, une discussion a été ouverte avec le public de la salle. Entre inquiétude et interrogations, une question revenant régulièrement était : “et nous, en tant que citoyen·ne, que pouvons-nous faire ?”. Plusieurs idées ont fini par émerger. 

1. Prendre l’habitude de regarder qui possède et qui dirige les médias qu’on lit

Un premier réflexe à avoir est d’aller vérifier le financement et la gouvernance des médias qu’on lit. Qui possède ce média ? Qui le dirige ? Qui l’a fondé ? Non pas que des journaux possédés par de puissants actionnaires ne produisent pas une information indépendante, mais cela peut permettre d’avoir une lecture parfois plus critique des données auxquelles on est confronté. Par exemple, cela permet de s’apercevoir qu’une chaîne Youtube comme TVLibertés, se présentant comme “la première chaîne audiovisuelle alternative de France. Autonome et indépendante des partis, des oligarques comme de l'Etat” a, en réalité, été fondée par un ancien cadre du Front National, et est dirigée par un fondateur du mouvement et parti politique d’extrême droite Bloc identitaire. 

Pour aller plus loin : TV Libertés, la webtélé des ultra-réacs qui se rêve en "Fox News à la française" (marianne.net)

2. S’abonner à des médias

L’information n’a pas de prix, mais elle a un coût. Une partie des médias tirent leurs revenus des abonnements des lecteurs. Les financer, c’est garantir plus d’indépendance vis-à-vis des autres sources de financement - revenus publicitaires, subventions, riches actionnaires... Si vous recherchez des médias indépendants, la “Carte de la presse pas pareille” éditée par l’Âge de faire peut vous donner quelques premières pistes.

Pour aller plus loin : La carte de la presse pas pareille - Le site du journal L'âge de faire (lagedefaire-lejournal.fr)

3. Sensibiliser votre entourage

De la même manière que parler de la crise climatique permet petit à petit d’en faire prendre conscience, parler à ses proches de l’indépendance des médias et de leur financement peut être une manière de les sensibiliser. Sans sombrer dans le complotisme, il est important de pouvoir discuter de la production journalistique, de ses qualités et de ses défauts, et des moyens nécessaires pour garantir son exercice en toute indépendance. Comment se repérer dans ce paysage médiatique quand on démarre de zéro ? La “Carte (très subjective) du paysage médiatique français” réalisée par Anne-Sophie Novel et Natacha Bigan, ou encore “Médias français, qui possède quoi ?” réalisée par le Monde Diplomatique et Acrimed peut donner des premières clefs pour se repérer.

Pour aller plus loin : Médias français, qui possède quoi ? (Le Monde diplomatique, décembre 2021) (monde-diplomatique.fr) , Le paysage médiatique Français : un essai de représentation - Les médias le monde et moi (lesmediaslemondeetmoi.com)

4. Faire pression sur les pouvoirs politiques pour faire évoluer la loi

La loi garantissant l’indépendance des médias et le pluralisme de l’information en France date de 1986… autant dire qu’elle est aujourd’hui lacunaire. Le pôle plaidoyer d’Un Bout des Médias propose une série de mesures pour faire évoluer le cadre législatif : aidez-nous à les pousser auprès des pouvoirs publics pour plus de transparence, de pluralisme et d’investissement dans l’information ! 

Pour aller plus loin : 4 propositions pour garantir l'indépendance des médias (unboutdesmedias.org)

Loïck Rauscher Lauranceau

Ingénieur Urbaniste - Bénévole pour Un Bout des Médias

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