Marsactu, journal indépendant du sud de la France, pourrait bien disparaître dans le cadre d’une procédure bâillon prochainement. C’est du moins ce que laisse à penser les propos de Julien Vinzent interviewé par ICI Provence : « Si nous perdons, on ne s’en relèverait pas ». Le média marseillais est en effet en proie à une procédure judiciaire avec un chirurgien, pour avoir enquêté et révélé certaines pratiques du médecin, lequel avait déjà été sanctionné par le Conseil de l’Ordre des médecins. Face à cette situation, une campagne de soutien a été lancée.
600 000 euros pour avoir réalisé une enquête journalistique
En 2024, Marsactu publie une série d’articles sur les pratiques du chirurgien Michel Assor. On y apprend, par exemple, qu’il continue d’opérer malgré des sanctions du Conseil de l’Ordre des médecins et des alertes. Sans doute la publication de ces enquêtes n’a-t-elle pas plu au médecin, car après avoir adressé un courrier au journal, il a déposé plainte en mai 2024. Ce ne sont pas moins de 600 000 euros qui sont réclamés au média indépendant : 500 000 euros « au titre de son préjudice économique et financier » et 100 000 euros « au titre de son préjudice moral ». Médiapart, pour avoir repris un des articles, est également accusé.
Pour Marsactu, c’est un choc. Il s’agit là de son premier procès depuis 9 ans, mais au-delà de ça, la somme requise représente un an de budget pour la structure. « Je ne connais pas beaucoup de structures qui pourraient payer un an de budget » expose son président sur ICI Provence.
Cette situation est la triste illustration des difficultés auxquelles font face les médias indépendants, comme nous avons pu l’expliquer dans notre article Les médias indépendants, indispensables mais en danger.
Une procédure judiciaire longue et couteuse
Début 2025, le tribunal donne raison à Marsactu en rejetant la demande de M. Assor. Toutefois, celui-ci décide de faire appel. Le média aux plusieurs milliers d’abonnés poursuit donc la procédure pénale, aux côtés de Médiapart, ce qui représente du temps et de l’argent, notamment pour financer leurs avocats. Cela représente aussi une incertitude pour le média, car s’il venait à perdre, il serait forcé de fermer, ne pouvant couvrir les frais requis par le chirurgien controversé.
C’est pourquoi une campagne de dons a été lancée par la rédaction. Déjà relayée par Blast, celle-ci a atteint les 15 000 euros récoltés à ce jour.
Un Bout des Médias soutient cette campagne et appelle celles et ceux qui le peuvent à soutenir Marsactu dans cette campagne. Le journal vit en effet essentiellement des dons et des abonnements, ce qui garantit son indépendance mais rend difficile son équilibre financier.
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